Texte
lundi, 2 octobre 2017


 Light, with its visible and hidden expressions, is explored in my artwork and revealed in my photographic, sculptural, digital and painted work. This study of light opens up a more broader question about the physical world, about our ability to identify and represent the transformation and limits of physical reality which we only perceive as a reflection. “This process of unveiling reality becomes poetic, liberating and protecting of the world that surrounds us, a consciousness of reality which takes on a sense of meditation. An introspection that draws on the energy of the physical world within its boundaries and on its own strength.” (Valeria Cetraro)

 « Nous devons concevoir notre connaissance du monde apparent comme une expérience individuelle de quelque chose de plus que personnel » (Whitehead, The principle of relativity) Susanna Lehtinen explore la lumière, ses manifestations apparentes ou cachées, qu’elle révèle dans ses installations, ses oeuvres photographiques, picturales, sculpturales ou numériques. Ce travail sur la lumière nourrit une interrogation plus vaste sur le monde physique, sur la possibilité de cerner et représenter les mutations et les limites d’une réalité matérielle dont nous percevons uniquement les reflets. Ce dévoilement du réel devient poésie, libération et protection du monde qui nous entoure, conscience du réel qui prend le sens d’une méditation. Une introspection qui puise dans l’énergie de la matière et trouve dans ses limites sa propre force. (Valeria Cetraro)

 A force de questionner la problématique de la représentation par l’image (ou l’eidôlon, c’est à dire l’image-âme), j’en suis venue à cotoyer mes propres fantômes, ces énergies positives, car il est vrai que « l’être n’existe que hanté – parcouru par d’autres êtres, les fantômes »(1). Cette énergie des êtres disparus, cette force vitale, l’énormon d’Hippocrate, ce feu interne, cette vibration intime (2), c’est aussi le monde « subphysique » de la physique quantique, ce monde des eidôla d’Epicure, sorte de doubles voyageurs qui restent invisibles durant leur trajet mais qui sont à l’origine de l’image mentale, phantasia, phantasma [ϕάνταὓμα], ou encore …fantôme. Essence magique de la lumière. D’ailleurs un des buts de l’art n’est il pas de surprendre “cette rencontre, dans l’ambiance, des particules les plus ténues, cette poussière d’émotion qui enveloppe les objets...(3)” ? En Finlande, le fantôme, le double, haamu, est omniprésent : nous avons tous un double à nos côtés, présence auratique et protectrice qui se déplace dans l’espace temps : intermédiaire psychopompe, il va chercher des réponses dans le monde des morts ; il possède ce don de « vision » suprasensible... tout comme l’image a toujours tenté de représenter l’invisible. Ainsi le miroir nous renvoie une image ambigüe (de quelle réalité s’agit-il ?), il peut pièger notre double, de même j’assemble mes images, mes objets comme autant de négatifs, de retournements, de suggestions du réel. Je m’amuse de l’homonymie du mot spectre, désignant tout à la fois le monde de l’aù-delà, par définition imperceptible, et la représentation des rayonnements électromagnétiques – la lumière- ou autres espaces topologiques pointés… pour représenter l’identité des corps ou bien celle des âmes. Comme dans un miroir : vous n’êtes pas le reflet, mais le reflet est vous.

(1) Paul Ardenne, in « Video Forever, 15 Fantômes », février 2014 (2) Hyppolite Baraduc, « La Force vitale », 1897, père des « psychogrammes » (3) Paul Cézanne, in « Cézanne », Joachim Gasquet, 1921

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